Une jeune fille de 23 ans condamnée à 50 ans de prison pour une fausse-couche.
Un tribunal d’El Salvador a condamné une jeune femme de 23 ans à 50 ans de prison, le 29 juin 2022, en raison de la mort de son nouveau-né. Dans ce pays d’Amérique centrale, où les condamnations pour avortements ou urgences obstétriques sont récurrentes, la justice assimile la perte d’un bébé à un « homicide aggravé ».
Une jeune femme de 23 ans a été condamnée à 50 ans de prison au Salvador, pour homicide avec circonstances aggravantes. La raison est qu’elle a accouché d’une fillette, qui n’a vécu que quelques heures.
Selon le groupe citoyen pour la dépénalisation de l’avortement (Acdatee), cette fausse-couche était causée par une urgence obstétrique.
Une marche a été organisée dans la journée du lundi 4 juillet dernier pour dénoncer ce qui est caractérisé comme de « l’injustice ».
Le verdict, prononcé le 29 juin, n’est basé que sur « de purs et simples préjugés de genre ,
a dénoncé l’organisation féministe dans un communiqué annonçant qu’il sera fait appel du jugement pour obtenir la libération de la jeune femme.
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Accouchement dans une maison sans eau ni électricité
L’argument avancé par le tribunal est que la jeune femme a manqué à son devoir de mère protectrice en toutes circonstances. En effet, Lesli est une jeune mère âgée de 19 ans. Elle est issue d’une famille nombreuse d’agriculteurs prolétaires vivant dans une maison sans eau ni électricité.
En juin 2020, elle a accouché sans s’en rendre compte dans les toilettes de sa maison. La fillette, née après 37 à 40 semaines de grossesse, selon le parquet, n’a vécu que quelques heures.
« J’ai senti que quelque chose sortait de mon corps, il faisait noir et je n’ai pas vu ce que j’expulsais.
a expliqué Lesli à l’époque.
Elle a été alors admise en urgence à l’hôpital, où elle a reçu trois transfusions sanguines avant d’être arrêtée.
Les juges requalifient les cas d’avortements en homicide.
Depuis 1998, le code pénal salvadorien interdit l’avortement, même en cas de viol ou de danger pour la mère. Toute personne allant à l’encontre de cette loi s’expose à une peine allant jusqu’à huit ans de prison.
Cependant, les procureurs et les juges requalifient les cas d’avortements, même involontaires, en « homicide avec circonstances aggravantes », passible d’une peine allant jusqu’à 50 ans de prison.
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Depuis l’application de cette loi interdisant radicalement l’avortement, c’est la première fois dans l’histoire que la peine maximale est prononcée, a indiqué l’association féministe (Acdatee)
De 2009 à aujourd’hui, c’est Plus de 65 femmes, pour la plupart de condition modeste, qui ont été libérées après avoir été condamnées pour des fausses-couches ou des urgences obstétriques. Cette réussite a été possible grâce au soutien de l’Acdatee et d’autres organisations militant pour la protection des droits de la femme. Mais une dizaine reste encore en prison.