La junte militaire guinéenne opte pour une transition de 39 mois
Le pouvoir militaire en Guinée vient de défier les organisations sous-régionales. Le chef de la junte militaire, le Colonel Mamady Doumbouya, a annoncé samedi avoir opté pour une durée de transition de 39 mois avant de rendre le pouvoir aux civils.
La junte militaire en Guinée n’est pas prête à céder le pouvoir aux civils maintenant. Le Colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le Président Alpha Condé en septembre 2021 et s’est fait proclamer Chef de l’État depuis lors, a annoncé le samedi 30 avril, opté pour une durée de transition de 39 mois avant de rendre le pouvoir aux civils.
De toutes les consultations engagées à tous les niveaux (…), il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la transition de 39 mois
, déclare-t-il.
Un collectif guinéen va s’opposer à une transition longue de la junte militaire au pouvoir
Cette déclaration a été tenue le vendredi 29 avril après la clôture de deux consultations politiques contestées, une conférence dite de réconciliation et « un cadre de concertation inclusif », toutes deux boudées par un grand nombre de partis politiques.
Le CNRD [Comité national du rassemblement et du développement, l’organe dirigeant de la junte, NDLR] et le gouvernement à leur tour soumettront au CNT [Conseil national de transition, NDLR], qui tient lieu de Parlement, cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes consultations
, souligne-t-il.
Cependant, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), est déçue de la junte militaire en prenant cette décision. Alors que l’organisation sous-régionale voulait un délai plus court. Déjà fin mars, la CEDEAO avait sommé les autorités de Conakry de lui présenter « au plus tard le 25 avril » un calendrier de transition « acceptable », sous peine d’une extension des sanctions économiques décidées contre le pays après le coup d’État. Mais la junte a laissé passer le délai et demandé à « avoir davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril », afin de « permettre la poursuite des consultations », selon la publication le mercredi 27 avril dernier d’un communiqué de la CEDEAO. La junte guinéenne semble faire peu de cas des exigences de l’organisation comme au Mali ou au Burkina Faso, deux autres pays de la région où les militaires ont pris le pouvoir.