EXCLUSIF/ Var politique : nommé encore par Ouattara quand Marcel Amon-Tanoh qualifiait ce dernier de dictateur et de candidat illégal
Ancien ministre directeur de cabinet et démissionnaire du gouvernement Ouattara de son poste de ministre des Affaires étrangères en mars 2020 et grand pourfendeur de ce dernier, Marcel Amon-Tanoh a été encore récemment nommé par ce dernier Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente.
Dans son grand livre « Essai sur les trahisons » le journaliste-écrivain français André Thérive (1891-1967) écrivait ces lignes «En politique, il n’y a pas de traîtres, il n’y a que des perdants. » On pourrait valablement attribuer ces tristes et cyniques propos à l’ex ministre Marcel Amon-Tanoh qui vient de retrouver « un tabouret » grâce à sa nomination par son adversaire d’hier Alassane Ouattara.
En effet, après avoir démissionné en mars 2020 du gouvernement de son poste de ministre des Affaires étrangères puis annoncé sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020 le 22 juillet, il avait eu des mots très durs à l’égard de son mentor de très longue date le président Ouattara.
Les Ivoiriens, les observateurs de la scène politique et les militants et sympathisants de toute l’opposition ivoirienne se souviennent de l’historique discours d’Amon-Tanoh le samedi 10 octobre 2020 au stade Félix Houphouët-Boigny.
Aujourd’hui, nommé par ce dernier Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente dont la passation de charges s’est faite ce mardi 4 janvier 2022, il a adressé ces mots suivants à son bienfaiteur « Je voudrais avant tout propos, témoigner ma gratitude au président Alassane Ouattara qui a bien voulu me renouveler une fois de plus sa confiance ».
RADARPRESS vous offre en exclusivité la retranscription intégrale de son discours qui avait mis Ouattara très en colère selon plusieurs sources.
Discours pour lequel Amon-Tanoh avait d’ailleurs présenté ses excuses publiques sur sa page facebook officielle le 24 janvier 2021 en ces termes « J’ai conscience d’avoir profondément heurté le Chef de l’État, à qui je tiens à présenter publiquement mes sincères excuses, et à exprimer mes regrets aux Ivoiriens. »
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Ci-dessous l’intégralité de son discours du 10 octobre 2020
« Vous savez, on n’est pas venu ici aujourd’hui pour parler beaucoup. Le président Bédié est là Alassane Ouattara est vivant. Celui qui a fait le va et vient entre les deux hommes ces dix (10) dernières années c’est votre serviteur.
S’il y a quelqu’un qui sait ce qu’ils se sont dit de 2011 à 2019 c’est votre serviteur. Mais le temps de parler viendra. Ce que je peux vous dire aujourd’hui c’est que celui qui n’a pas tenu ses engagements je le connais. Celui qui n’a pas tenu ses engagements je le connais. Nous sommes venus ici pour dire un seul mot pour dire non à Alassane Ouattara.
Pour lui dire que son 3ème mandat est anticonstitutionnel. Lui-même nous a dit en 2016 au moment tu vote de cette constitution que cette constitution de l’autorisait pas à se présenter à un 3ème mandat. Et nous avons fait campagne avec ce slogan qui existe il est écrit sur ce slogan du Rhdp de l’époque.
Cette constitution ne permet pas au président Ouattara de faire un 3ème mandat. Cette constitution n’annule pas cette disposition des constitutions précédentes. Alors il nous aurait fait mentir. Je vous le dit il a peur. Il a peur de cette Côte d’Ivoire que nous représentons. Il a peur de la Côte d’Ivoire de la majorité.
Il a peur de la Côte d’Ivoire plurielle. Elle est là devant vous. Regardez-là. Je ne peux pas vous citer tous les leaders qui sont là. Enrichissant la Côte d’Ivoire de leur différence, sachant se mettre ensemble pour l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Sachant se mettre ensemble pour défendre l’appel à la désobéissance civile qui est appel pacifique à ne pas verser le sang des Ivoiriens.
Aucun ivoirien ne ferait à ses frères ivoiriens ce que Alassane Ouattara nous fait. Aucun ivoirien ne prendrait la Côte d’Ivoire en otage. Nous sommes la Côte d’Ivoire de la majorité. Nous sommes la Côte d’Ivoire de la force tranquille.
Nous sommes la Côte d’Ivoire de l’arme des forts. L’arme des forts c’est le dialogue. Et l’arme des forts le dialogue aura raison de l’arme des faibles qui est la force, qui sont les armes, qui sont les tanks, qui sont les militaires qu’ils ont déployé aujourd’hui dans les rues pour vous empêcher d’arriver ici mais vous êtes quand même venus.
Disons à tous ceux qui sont dehors, qui sont aux abords du stade qu’on empêche de rentre il y a une centaine de cars venus d’Aboisso, de Bonoua, qui sont bloqués à l’entrée de Bassam disons leur de ne plus avoir peur.
N’ayez pas peur. Nous sommes prêts à mourir pour notre pays. Nous sommes prêts à mourir pour libérer notre pays de la dictature d’Alassane Ouattara. Nous sommes prêts. Nous ne reculerons plus devant rien. Nous sommes debout.
Nous en avons marre. Dites-lui de libérer notre pays et de nous le rendre ! Le pays de la fraternité, le pays de la liberté, le pays de l’amour. Que Dieu vus bénisse ! »