Burkina Faso : Le convoi militaire francais rebrousse chemin
Répondant à l’appel de Roland Bayala, porte-parole de la Coalition des patriotes africains du Burkina Faso (COPA-BF), des centaines de contestataires ont fait bloc à Kaya ,principale ville du centre nord du pays, pour entraver le passage de plusieurs dizaines de véhicules de l’armée française , en provenance de Côte d’Ivoire, et en partance pour le Niger .
D’ores et déjà stoppé à Bobo Dioulasso dans la partie orientale du pays des hommes intègres , puis dans la capitale , Ouagadougou , ce convoi logistique hexagonal a poursuivi le voyage jusqu’à Kaya grâce aux tirs de gaz lacrymogènes des forces burkinabés visant à disperser les protestants .
Sauf que la tâche est bien plus ardue à Kaya . Les coups de semonce et tirs de gaz lacrymogènes , faisant à minima 4 blessés , ce samedi , n’ont pas mis le holà à la vague d’indignation de la population .
« Nous avons décidé de faire barrage, parce que malgré les accords signés avec la France, nous continuons à enregistrer des morts et nos pays demeurent sous-armés », a-t-il expliqué à l’AFP , l’initiateur de la gueulante .
Porteurs d’écriteaux flanqués de messages anti-français à l’instar de « Armée française dégage », « Libérez le Sahel », « Plus de convoi militaire d’invasion et de recolonisation français », les contestataires sont droits dans leurs bottes .
Un jeune enfant , qui aurait réussi à faire voler en éclats un drone présenté comme appartenant aux militaires français a par ailleurs défrayé la chronique sur la toile .
En guise de réponse aux accusations formulées par les protestataires et relayées sur les réseaux sociaux , l’état major français s’est voulu clair .
Ce « convoi d’une soixantaine de camions et d’une centaine de militaires français partis d’Abidjan se dirigeant vers Niamey puis Gao » n’est « pas un convoi pour transporter des armes aux djihadistes, comme on peut le lire sur des réseaux sociaux ».
Blessés
Le voile demeure épais sur les responsables des coups de feux qui ont porté atteinte à l’intégrité physique des protestants d’autant que les gendarmes burkinabè et militaires français ont tous azimuts mis la main à la pâte afin de repousser les contestataires .
« Un groupe de manifestants a tenté de découper le grillage pour entrer dans l’enceinte et les gendarmes burkinabè ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Les soldats français ont effectué quelques tirs de sommation au-dessus de la foule », a déclaré une source de l’état-major français. « Il n’y a aucun blessé du fait de l’action des militaires français. Nous n’avons connaissance d’aucun blessé, même suite aux tirs de grenade lacrymogène », selon la même source, qui assure que « des négociations sont en cours entre les autorités burkinabés et les manifestants » , se dédouanent les militaires français .
« Quatre personnes blessées par balles ont été reçues aux services des urgences du centre hospitalier régional de Kaya », a informé cette source hospitalière, précisant que le « pronostic vital des patients n’est pas en jeu ». Le quotidien d’Etat Sidwaya faisait état samedi soir de « trois blessés suite aux tirs de sommation », ajoutant que l’un d’eux avait « reçu une balle dans la joue ».
Suite
A en croire RFI , le convoi militaire qui a catalysé le brouhaha a quitté la zone conflictogène de Kaya , dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 novembre . Le média hexagonal informe que les véhicules ont été localisés à Loango, située à une trentaine de kilomètres de la capitale.
»À partir de cette commune, il y a deux options, soit revenir sur Ouagadougou, soit continuer vers Fada N’Gourma dans la région de l’Est afin de se rendre au Niger. À Ouagadougou, des dizaines de jeunes s’étaient déjà rassemblés à la sortie nord de la ville pour l’attendre. Nous apprenons aussi que sur l’axe Ouagadougou-Fada N’Gourma, plusieurs groupuscules de jeunes attendaient également le convoi » , indique le site .
La piste la plus probable est celle de la machine arrière en vue de rebrousser chemin vers la capitale ivoirienne , Abidjan . C’est du moins , le point d’accord des négociations qui ont préfiguré l’affranchissement du convoi .